Exposés éclairs (troisième séance)
Vers une vision de l'infrastructure de recherche numérique axée sur la communauté : Canadian HSS Commons (Graham Jensen)
Cette présentation éclair offre un aperçu du Canadian Humanities and Social Sciences Commons (hsscommons.ca) et des points saillants du prochain document de vision de ce centre. Il s’agit d’une réflexion alimentée par la communauté sur les meilleures pratiques et les éléments importants pour la création d’une infrastructure de recherche numérique à grande échelle au Canada.
L’initiative Canadian HSS Commons est un espace communautaire bilingue en cours de développement pour les universitaires, les partenaires de recherche, les parties prenantes, les étudiants et les membres intéressés du public. Servant de plaque tournante pour le savoir social ouvert, il combine des éléments de réseaux sociaux, d’outils et plateformes de collaboration et de dépôts institutionnels. Ces derniers permettent aux chercheurs de partager, d’utiliser et de créer librement des projets, des publications, des ressources éducatives, des données et des outils savants. Cette initiative inclut le partenariat INKE, des partenaires de projet au Canada, en Australie et aux États-Unis, dont le RCDR, la Fédération des sciences humaines du Canada, l’ABRC, CANARIE et d’autres.
La présentation se termine par un résumé du document de vision du projet en cours, qui donne suite à l’initiative Launching a Digital Commons for the Humanities and Social Sciences, qui s’est dernièrement conclue. Ce document évolutif repose également sur l’étude en cours du Partenariat INKE concernant les collectifs de recherche numérique à but non lucratif. Il examine notamment comment des réseaux, tels que le Canadian HSS Commons, peuvent faciliter la mobilisation efficace des connaissances avec des outils de publication et de collaboration en libre accès, qui intègrent des pratiques optimales concernant la gouvernance des communautés numériques, la gestion et la découverte des données de recherche, ainsi que la stabilité et la préservation à long terme de l’infrastructure de recherche numérique.
Diffusion de fanzines étudiants en dehors des salles de classe : création d’une collection de fanzines coréens dans une archive ouverte (TSpace) (Jihae Julia Chun)
Cette présentation porte sur un projet de collaboration entre un professeur de coréen et une bibliothécaire en études coréennes pour la création de fanzines dans un cours avancé de langue coréenne, dont la collection a été diffusée dans TSpace, une archive ouverte de University of Toronto Libraries.
Nous avons élaboré ce projet durant la pandémie pour stimuler l’engagement et la collaboration des étudiants en classe virtuelle et pour enseigner les compétences essentielles en matière de recherche et d’écriture par le biais d’un processus de création de fanzines. Nous voulions créer une collection unique en langue coréenne pour renforcer l’équité, la diversité et l’inclusion dans les collections de la bibliothèque universitaire. Dans l’ensemble, nous cherchions à diffuser ces projets de recherche des étudiants au-delà des limites de la classe auprès d’autres étudiants et de chercheurs dans diverses disciplines.
Duncombe (2008) définit le fanzine comme étant « un magazine non commercial, non professionnel, à faible diffusion, que ses créateurs produisent, publient et distribuent eux-mêmes » (p.11). Nous estimons qu’il s’agit d’un médium idéal pour que les étudiants de niveau avancé s’exercent à écrire et s’exprimer de manière créative en coréen. Par conséquent, nous avons demandé aux étudiants de travailler en groupes et de choisir un enjeu social qui les préoccupe. Ils ont donc mené une recherche, présenté leur position sur l’enjeu en question et suggéré des actions que la société devrait entreprendre. Nous voulions ainsi favoriser l’autonomie et permettre aux étudiants de s’approprier leurs productions écrites.
En décembre 2021, nous avons publié ces fanzines dans TSpace, pour assurer leur préservation numérique, le libre accès et une meilleure découvrabilité de son contenu. Les étudiants ont évalué positivement le projet, en précisant qu’ils étaient devenus plus à l’aise avec l’écriture formelle en coréen. Pour le cours, le professeur de coréen a élaboré des directives et des procédures pour la création des fanzines. La bibliothécaire en études coréennes a fourni des ressources documentaires, en plus de donner des indications sur les compétences de recherche et la méthode de citation APA. Elle a également produit des métadonnées pour la publication des fanzines étudiants dans TSpace.
Duncombe, S. (2008). Notes from underground: Zines and the politics of alternative culture (2nd ed.). Bloomington, IN: Microcosm.
Lowry, P., Curtis, A., Lowry, M. (2004). Building a taxonomy and nomenclature of collaborative writing to improve interdisciplinary research and practice. Journal of Business Communication, 41(1), 66–99.
Storch, N. (2019). Collaborative writing. Language Teaching, 52(1), 40–59.
Thomas, S. (2018). Zines for teaching: A survey of pedagogy and implications for Academic Librarians. Portal: Libraries and the Academy, 18(4), 737–758. https://doi.org/10.1353/pla.2018.0043
Tisser une communauté avec des collections spéciales (Jacquelyn D'Eall Sundberg, Kristen C. Howard)
Il est essentiel de stimuler la curiosité et l’engagement afin de créer une communauté plus large d’utilisateurs pour les collections rares, archivistiques et spéciales. Comme nos portes ont fermé durant la pandémie de COVID-19 pendant presque deux ans, ROAAr (Rare books, Osler, Art and Archives) de McGill University Library a créé un programme créatif de sensibilisation pour susciter cet engagement au sein de la communauté, par le biais de nos articles rares et uniques, même si l’accès y est limité. En combinant des méthodes créatives avec des éléments de programme plus familiers, comme des événements virtuels et des ateliers interactifs, nous avons créé un nouveau modèle créatif de la communauté avec des collections de sources primaires.
Nous présenterons trois initiatives pour illustrer notre approche : Knitting 101 with ROAAr, Rare Stitches, et Knitting in Code. Les participants avaient ainsi l’occasion de découvrir nos collections d’objets extraordinaires, en plus de créer de nouveaux objets en produisant des modèles de tricot inspirés par des éléments de la collection. Ces événements ont offert aux utilisateurs proches et lointains une manière unique et accessible d’accéder aux collections sous l’angle du contexte historique. Cette approche favorise le dialogue, non seulement entre les participants et les collections de ROAAr, mais aussi entre eux grâce aux outils virtuels.
En plus du public habituel d’un événement de ROAAr, ces événements spéciaux ont également touché les membres d’une communauté d’artisans en ligne déjà établie, dont la plupart n’étaient pas affiliés à McGill. Dans le sillage de la pandémie, la sensibilisation et l’esprit communautaire n’ont jamais été aussi importants qu’aujourd’hui. Cette approche créative nous permet de tisser de nouveaux liens par l’entremise des collections spéciales.
Importance de l’amitié pour le progrès (Jessica Webber)
Comment définit-on l’amitié ? Comment peut-on réparer une relation brisée ? À la lumière de ces questions, j’habite sur un territoire non cédé qui est visé par les traités de la paix et de l’amitié. Pour reprendre l’expression de Pamela Glode-Desrochers, la vérité est souvent absente de la réconciliation.
Dans mes recherches sur les tendances en matière de collections, j’ai constaté que les populations autochtones n’étaient pas très visibles dans de nombreux systèmes de collections muséales, ce qui constitue un obstacle important pour représenter de manière juste l’histoire autochtone.
Pour mener des projets de recherche, il est important de susciter un sentiment de communauté et de calme afin de développer la confiance nécessaire pour réparer les relations brisées si nous voulons transmettre la vérité. J’ai donc commencé à étudier un site historique autochtone, mais j’ai eu beaucoup de mal à obtenir l’information recherchée. En cherchant dans plusieurs archives municipales et provinciales, je n’ai pu que trouver une seule phrase. Dans les archives fédérales, j’ai appris que la majorité des fonds contenaient des données privées inaccessibles. Cette expérience met en lumière toute la difficulté de dire et de diffuser la vérité sur la relation du Canada avec les communautés autochtones et les autres communautés marginalisées.
Il s’agit d’une réalité que nous connaissions fort probablement déjà, ou du moins que nous soupçonnions.
Dans ma présentation, je me pencherai sur les découvertes et les méthodologies utilisées, notamment pour tenter de déterminer s’il faut reconsidérer le fonctionnement institutionnel pour rendre les voix marginalisées plus accessibles. Les descendants des colons blancs sont-ils prêts à reconnaître honnêtement leur place dans cette amitié et ce qu’il faut pour s’asseoir de nouveau à cette table ?